"Il y a, ô moines, des ascètes et des brahmanes qui affirment que le monde est fini, d'autres qui affirment que le monde est infini, et cela, de quatre façons différentes. Sur quelles bases fondent-ils leurs opinions ?

Neuvième vue fausse : Ici, moines, un ascète ou un brahmane a, par les moyens de l'effort, de l'entraînement, de la persévérance, des mérites et de l'attention juste atteint un tel état de concentration qu'il demeure percevant le monde comme fini. Il pense : "Ce monde est fini et contenu dans un cercle. Comment le sais-je ? J'ai par les moyens de l'effort (...) atteint un tel état de concentration que je demeure percevant le monde comme fini. Je sais donc que ce monde est fini et contenu dans un cercle." Ceci est la première façon.

Dixième vue fausse : Et quelle est la seconde façon ? Ici, un ascète ou un brahmane a (...) atteint un tel état de concentration qu'il demeure percevant le monde comme infini. Il pense : "Le monde est infini et sans aucune limite. Ces ascètes et brahmanes qui disent le monde fini sont dans l'erreur. Comment le sais-je ? J'ai par les moyens de l'effort (...) atteint un tel état de concentration que je demeure percevant le monde comme infini. Je sais donc que le monde est infini." Ceci est la seconde façon.

Onzième vue fausse : Et quelle est la troisième façon ? Ici, un ascète ou un brahmane a (...) atteint un tel état de concentration qu'il demeure percevant le monde comme étant fini verticalement, mais infini horizontalement. Il pense : "Le monde est à la fois fini et infini. Ces ascètes et brahmanes affirmant que le monde est fini sont dans l'erreur, de même que ceux qui affirment que le monde est infini. Comment le sais-je ? J'ai par les moyens de l'effort (...) atteint un tel état de concentration que je demeure percevant le monde comme fini verticalement et infini horizontalement. Je sais donc que le monde est à la fois fini et infini." Ceci est la troisième façon.

Douzième vue fausse : Et quelle est la quatrième façon ? Ici, moines, un ascète ou un brahmane est un logicien, un philosophe. Se forgeant une opinion par l'intellect, suivant sa propre argumentation, il argue : "Ce monde n'est ni fini, ni infini. Ceux qui affirment qu'il est fini sont dans l'erreur, tout comme ceux qui affirment qu'il est infini. Le monde n'est ni fini, ni infini." Ceci est la quatrième façon.

Voici donc les 4 façons par lesquelles ces ascètes et brahmanes affirment que le monde est fini ou infini. Quels que soient les ascètes et brahmanes affirmant la finitude ou l'infinitude du monde, ils le font sur l'une ou l'autre de ces quatre bases. Il n'y a pas d'autre façon.

Et le Tathágata comprend : Ces opinions que l'on saisit et auxquelles on adhère mèneront vers telles ou telles existences. Ceci, le Tathágata le sait, et bien plus encore, mais il n'est pas attaché à ce savoir. Etant libre d'attachement, il a expérimenté la paix parfaite, et ayant compris l'apparition, la cessation, le pouvoir d'attraction, la dangerosité, et la libération des sensations, le Tathágata est totalement libéré.

Il y a ainsi ô moines, des dhammas (choses) profonds, difficiles à voir et à comprendre, tranquilles, nobles, au delà de la pensée discursive, subtils, et expérimentés seulement par les sages. Le Tathágata, ayant par la sagesse omnisciente lui-même réalisé ces dhammas, les a exposés. Que ceux qui désirent véritablement honorer le Tathágata en parlent sans déformer son enseignement."