Les directives d'accessibilité au contenus web au point de contrôle 14.1 recommandent d'utiliser le langage le plus clair et le plus simple possible, tout en étant adapté au contenu du site.

Mais juger objectivement la lisibilité d'un écrit n'est pas chose facile : ce qui est lisible pour une personne ne l'est pas forcément pour une autre. C'est pourquoi des méthodes algorithmiques ont été développées pour permettre d'estimer (grossièrement) la lisibilité d'un texte.

L'indice Gunning Fog, du nom de son inventeur Robert Gunning, est une des méthodes les plus connues : pour l'obtenir, Il suffit simplement d'additionner le pourcentage de mots de plus de trois syllabes et le nombre moyen de mots par phrase, puis de multiplier ce résultat par 0.4 (ou plus simplement d'utiliser un outil comme Textalyzer). L'indice obtenu est censé correspondre au nombre nécessaire d'années de scolarité pour lire le texte. Un indice élevé sera donc le signe d'un texte plus difficile d'accès.

Mais plus que la valeur absolue de l'indice, c'est la valeur relative de cet indice qui est intéressante. Voici donc les résultats d'une étude (inspirée de celle de Philip Chalmers) montrant les indices Gunning Fog pour différents types d'écrits francophones :

Gunning Fog Type d'écrit
8-9 Littérature junior et ado, Paris Match, Elle
10-11 Télérama, Libération
14-15 Marcel Proust, Le Monde Diplomatique, L'Express
16-17 Rapports parlementaires
17-18 Article universitaire d'Olivier Ertzscheid
22 et plus Directives européennes

L'indice moyen des articles de ce blog tourne autour de 11 (10.5 pour ce billet), un indice comparable à ceux de magazines comme Télérama ou Libération, des lectures accessibles au plus grand nombre. Je considère que cet valeur est satisfaisante : il ne s'agit pas de produire un texte le plus simple possible (et donc avec un indice faible), mais de produire le texte le plus efficace possible en fonction de son auditoire, en éliminant les complications superflues. Et vous, quel est votre indice ?

Note méthodologique : J'ai utilisé pour établir ces indices des échantillons de texte d'au minimum 100 mots (250 en général), débarassés des titres et de tout ce qui pouvait "polluer" les résultats : liens de navigation, légendes, notes etc. Pour les textes courts, une moyenne a été faite sur environ 7 articles choisis aléatoirement. Pour les textes longs, comme Proust (Du coté de chez Swann), la moyenne a été faite sur 7 passages aléatoires. C'est très empirique je l'avoue, et je laisse le soin au professeur Veronis de me corriger ou d'ajouter tout précision qui lui semblerait utile ;)