Brahmajala Sutta : La vue fausse de la doctrine de la non-causalité
Quatrième extrait de ma traduction du Brahmajala Sutta, téléchargeable en intégralité ici. Pour les bouddhistes, rien n'arrive sans cause. Tout les phénomènes surviennent quand les conditions sont réunies, et cessent quand celles-ci ne le sont plus. Tout phénomène est à la fois cause et effet : le bouddhisme ne croit donc pas en une cause première, pas plus qu'au hasard.
"Il y a, ô moines, des ascètes et des brahmanes qui affirment la doctrine de la non-causalité et proclament que le hasard est à l'origine du soi et du monde, et cela, de deux façons différentes. Sur quelles bases fondent-ils leurs opinions ?
Dix-septième vue fausse : Il existe, moines, des devas dits "sans perception". Aussitôt que la perception arrive en eux, ces devas tombent de leur domaine d'existence. Il arrive alors qu'un de ces devas renaisse dans le monde humain. Etant né dans ce monde, il abandonne la vie de foyer pour la vie d'ascète errant. Ayant par les moyens de l'effort, de l'entraînement, de la persévérance, des mérites et de l'attention juste atteint un tel état de concentration qu'il se remémore son existence précédente, mais pas les autres. Il pense : "Le soi et le monde viennent à l'existence par hasard. Comment le sais-je ? Avant de venir à l'existence, je n'existais pas. De l'état de non-existence, je suis maintenant passé à l'état d'existence." Ceci est la première façon.
Dix-huitième vue fausse : Et quelle est la seconde façon ? Ici, moines, un ascète ou un brahmane est un logicien, un philosophe. Se forgeant une opinion par l'intellect, suivant sa propre argumentation, il argue : "Le soi et le monde viennent à l'existence par hasard, sans cause". Ceci est la seconde façon.
Voici donc les deux façons par lesquelles ces ascètes et brahmanes affirment la doctrine de la non-causalité et proclament que le hasard est à l'origine du soi et du monde. Il n'y a pas d'autre façon.
Et le Tathágata comprend : Ces opinions que l'on saisit et auxquelles on adhère mèneront vers telles ou telles existences. Ceci, le Tathágata le sait, et bien plus encore, mais il n'est pas attaché à ce savoir. Etant libre d'attachement, il a expérimenté la paix parfaite, et ayant compris l'apparition, la cessation, le pouvoir d'attraction, la dangerosité, et la libération des sensations, le Tathágata est totalement libéré.
Il y a ainsi ô moines, des dhammas (choses) profonds, difficiles à voir et à comprendre, tranquilles, nobles, au delà de la pensée discursive, subtils, et expérimentés seulement par les sages. Le Tathágata, ayant par la sagesse omnisciente lui-même réalisé ces dhammas, les a exposés. Que ceux qui désirent véritablement honorer le Tathágata en parlent sans déformer son enseignement."
Sébastien Billard
| Bouddhisme
| 22/11/05
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