Il semble que beaucoup de référenceurs ne se reconnaissent pas dans les salaires annoncés par l'étude SEOcamp. Ces salaires sont-ils représentatifs de ceux pratiqués dans votre société ?

"L'étude est relativement représentative de ce qui se passe chez CVFM. Mais notre agence n'est pas représentative de ce qui se passe dans l'agence de référencement moyenne. Nous avons la chance de facturer à un prix normal nos services. Ce n'est pas le cas de la plupart des agences".

Les sociétés de référencement et annonceurs peinent à recruter, ce qui est à priori favorable aux référenceurs. Or de nombreux référenceurs se plaignent semble-t-il de rémunérations basses. Comment expliquez-vous ce paradoxe ?

"Il doit être aussi difficile de recruter des plombiers salariés que des référenceurs salariés, ce qui ne signifie pas pour autant que les salaires des plombiers a explosé. Il y a une contrainte économique forte: le prix des prestations vendues au client. De la même façon que les particuliers ne sont pas prêts à payer très cher la réparation d'un robinet, même s'ils ne parviennent pas à trouver un plombier, les sociétés ont une idée de ce que "doit couter" une prestation de référencement, qui est non seulement indépendante de nombre de visiteurs attirés, de la qualité de ces visiteurs et mais aussi de la compétence des référenceurs. Même après 12 années de ventes de prestations de référencement, il m'est toujours excessivement difficile de faire comprendre à la plupart des clients qu'une journée de travail d'un bon référenceur devrait être rémunérée 2 fois plus cher que la journée de travail d'un référenceur débutant, car cela leur rapportera peut être 5 fois plus ! Cela reste abstrait car les clients ne savent pas ce qui fait un bon référenceurs. Ils sont encore trop souvent séduit par les discours simplistes des purs vendeurs de certaines agences de référencement, qui s'appuient sur des armées de stagiaires. Donc, cela provoque une pression à la baisse des salaires de référenceurs. Ce qui me permet d'aborder un autre problème : l'étude ne tient pas compte des effectifs stagiaires qui sont pléthorent dans la plupart des agences (souvent entre 20% et 40% des effectifs) ?

Plus structurellement, les agences ont un problème de business model qui explique aussi la pression sur les salaires: lorsqu'elles ont effectué une bonne prestation de référencement, le client est indépendant et peut être tenté de passer à la concurrence ou de réduire ses budgets, là où réduire ses budgets Adwords, par exemple, revient à réduire immédiatement son trafic et son chiffre d'affaires.

Concernant les salaires des référenceurs chez les annonceurs, le problème est autre: peu d'annonceurs sont capables d'évaluer les réelles compétences d'un référenceur et donc de lui proposer une rémunération en adéquation. Ce sont le nombre de ses expériences de son CV et la notoriété de ses précédents employeurs qui déterminent souvent le salaire. Donc, là encore, je pense que l'on peut constater de nombreuses anomalies. Vous avez pu travailler sur le référencement du site Renault et faire un très mauvais travail... mais cela est très valorisant pour un recruteur qui ne connait pas le référencement. Les recruteurs ne posent pas souvent les bonnes questions: il leur faudrait se faire conseiller par le dirigeant d'une agence de référencement pour trouver ces bonnes questions. Ils seraient alors à même de déterminer le salaire optimal.

Cela me permet d'aborder le dernier point: il ne me parait pas choquant de rémunérer un référenceur avec 5 ans d'expérience au niveau d'un débutant son niveau d'expertise est moyen.

Un autre élément qui doit être pris en compte dans le salaire est le périmètre de l'activité du référenceur: est-il un élément d'une chaîne de production dans une agence qui a parcellisé le travail afin de réduire les coûts (cas des agences où chacun est en charge d'une petite partie du travail et ne maitrise pas l'ensemble de la campagne de référencement), est-il en charge de l'intégralité des campagnes de référencement ? Lui demande-t-on un travail sur le positionnement ? Le trafic ? Le chiffre d'affaires ? La marge nette ? Tout cela demande des niveaux d'expertises différents et donc, correspond à des niveaux de rémunération différents.

Enfin dernier point, le salaire est aussi déterminée par le rôle de formation de l'agence. Il n'existe pas d'école du référencement et ce sont les bonnes agences qui forment les référenceurs. Si cette dernière est mauvaise, le référenceur progresse peu, c'est qui apporte du savoir faire à l'agence et il augmente peu sa valeur sur le marché du travail. Si cette dernière est bonne, c'est elle qui le forme et au bout d'un an et demi, il peut vite devenir un chef de projet très prisé sur le marché du travail. Il faut que les candidats intègrent ce critère, en dehors de la simple dimension salaire".

Pour finir, recrutez-vous actuellement ? Quels profils ?

"Oui, nous recrutons des référenceurs débutants, qui possèdent des bases mais un intérêt prouvé pour notre métier, une forte capacité d'apprentissage et un bon QI ! En gros, nous cherchons des gens qui sont prêts à absorber de fortes quantités de savoir faire pour devenir rapidement excellents au contact d'un des plus anciens référenceurs de France. A contrario, nous ne souhaitons pas accueillir des gens qui sont simplement intéressés par le référencement mais qui n'ont pas fait l'effort de rechercher des informations de bases sur le web et de référencer quelques pages de leur site personnel. Nous recrutons à Bac +5 en général, mais sommes ouverts à des Bac +2/Bac+3 qui sont vifs d'esprit et prêts à se former au marketing en plus du référencement".

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