Vendredi avait donc lieu l'édition de Blog en Nord consacrée à l'écriture web, en présence de Jean-Marc Hardy, Sébastien Bailly, Gilles Klein, Eric Delcroix, et... de votre serviteur, invité sur le plateau un peu par surprise :) Muriel Vandermeulen était également de la partie, mais coté public.

Une des premières questions portait sur la pertinence d'une distinction entre écriture papier et écriture web. Pour Jean-Marc Hardy et Sébastien Bailly, nul doute que l'écriture web est bien spécifique, même si les techniques qu'elle utilise trouvent leur source dans l'écriture papier, en particulier journalistique. Les régles de la pyramide inversée et de cinq "W" sont ainsi rappelées. Les deux spécialistes de l'écritures web rappelle à juste titre l'apport de l'hypertexte, la technique du "front loading' et l'importance de prendre en compte le référencement. Au passage, Sébastien Bailly insiste sur le fait qu'écrire pour le web, ce n'est pas forcément écrire court. Gilles Klein est plus nuancé, et pense qu'il n'y a pas de réelle frontière entre les supports, en prenant l'exemple du journal 20 Minutes, écrit de façon à être lu rapidement et facilement, même si l'attention du lecteur est faible. Gilles Klein remarque quand même que le web a ses spécificités : on n'y est pas limité par la place comme sur une publication papier. Pour Eric, l'écriture web se caractérise également par une plus grande liberté.

Concernant la relation entre référencement et écriture, Gilles Klein se montre un peu agacé par cette contrainte et dénonce le "name dropping". Pour Jean-Marc Hardy, il y a un équilibre à trouver entre référencement et qualité du texte, et l'on va parfois trop loin dans le référencement au détriment de la qualité des contenus. Pour ma part, je pense qu'il n'y a pas d'équilibre à trouver, dans le sens où il n'y a pas à sacrifier de la visibilité pour gagner en lisibilité ou l'inverse. C'est plus une harmonie qu'il faut rechercher : les directives d'accessibilité, les techniques éditoriales et celles de référencement vont dans le même sens, et un texte bien conçu devrait être performant sur tous ces plans (même si les moteurs sont encore trop souvent abusés par des textes grossièrement "rédigés").

Autre question abordée, les perspectives d'avenir pour les spécialistes de l'écriture web : Gilles Klein pense que l'on se dirige vers une spécialisation et non une polyvalence. Jean Marc Hardy est assez optimiste pour le futur, et je le rejoins sur ce point : même si l'écriture web est encore peu popularisée, les entreprises y viendront (doucement), tout comme elles sont venues au référencement il y a quelques années. Après tout, ce métier existe déjà outre-atlantique, et le référencement aussi bien que l'accessibilité et l'efficacité commerciale appellent des textes bien conçus, et donc des gens pour les écrire. Une certaine transversalité entre éditorial, référencement et accessibilité est donc, à mon avis, un atout.

Voila pour les principaux sujets traités, j'espère avoir retranscris fidèlement les propos des différents intervenants. D'autres compte-rendus sont accessibles via le site Blog en Nord. Très curieusement, peu de questions techniques sur l'écriture ont été posées lors de cette rencontre. Il est aussi étonnant, comme le fait remarquer Eric, que peu de professionnels du web se soient déplacés. Sont-ils à ce point doués pour la conception-rédaction, sont-ils simplement débordés, la communication autour de l'évènement était-elle défaillante, ou ces professionnels se positionnent-ils seulement comme des "metteurs en page" et non comme des architectes de contenus ? La question reste ouverte...